Tuesday, May 17, 2005

Quel démocrate! Le ministre allemand des affaires étrangères exclut toute renégociation du projet de Constitution européenne

Dans une interview accordée à «La Croix» et paru aujourd’hui, Joschka Fischer, le vice chancelier ministre des affaires étrangères allemand, appelle les Français à voter «OUI» à la Constitution, notamment pour permettre «un renouveau social» européen. Selon Fischer, la Constitution a trois grands mérites : · Elle renforce la démocratie à l’intérieur du système européen. · Elle permettra à l’Europe d’être plus forte à l’étranger. · Et elle lui donne un socle de valeurs communes en intégrant la Charte des droits fondamentaux.

Dans cet interview Fischer finit, une fois pour toutes, avec le principal des faux arguments avancés par les tenants du « non », en excluant toute renégociation du traité : « Certains de mes amis de la gauche ont l’idée que le lendemain, les Européens se retrouveraient pour renégocier le traité. C’est une grande illusion. Nous avons un bon résultat, il n’est pas possible d’en atteindre un meilleur. C’est le meilleur traité pour notre génération. Si le «non» l’emporte, on revient au traité de Nice, alors qu’il y a l’élargissement à poursuivre. L’Europe sera moins bien armée sur le plan social, politique, institutionnel. »

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Commentaire

Dans le but d'influencer les citoyens français, Monsieur J. Fischer ne semble pas se rendre compte qu'il fait preuve d'une attitude bien peu de démocratique dans sa déclaration. À quoi sert donc d'organiser un référendum en France si pour Monsieur Fischer, et peut-être pour d'autres leaders européens, le résultat de celui-ci ne sera pris en compte que si c'est le OUI qui l'emporte?

Que ces propos de Monsieur Fischer servent pour mettre en garde les citoyens encore hésitants sur la régression démocratique constituée par ce projet de traité dit constitutionnel (un "traité" qui "établit une constitution" est déjà en soi une violation à notre tradition démocratique).
En effet, il s'agit d'un texte qui tant dans son contenu (une orientation idéologique inscrivant dans "le droit du droit" l'option économique néolibérale: du jamais vu en dehors de la Constitution de l'Union Soviétique) que dans sa forme (un traité établissant la Constitution) consacre et constitutionnalise le déficit démocratique ayant marqué la construction européenne depuis ses débuts (hypertrophie de l'exécutif, absence de séparation des pouvoirs, instances irresponsables politiquement...). «L'essentiel de ses composantes ne sont pas soumises au contrôle ni à la sanction du seul organe élu au suffrage universel, le parlement. Seule la Commission peut être sanctionnée par le parlement et encore, seulement collégialement et dans le cas d'une mauvaise gestion, pas sur le contenu de sa politique.» (Corinne Gobin, politologue à l'ULB: "Le projet de traité européen dit constitutionnel : une arme de destruction massive de la démocratie", communication personnelle http://attac-ulg.fede-ulg.org/docs/NON-CorinneGobin-Const.pdf ). Il s'agit pourtant d'un texte qui réglementera, sans possibilité réelle de modification, la vie politique de chaque pays et de l'Europe toute entière durant plus de trente ans. De plus, dans tous les États membres, cette nouvelle Constitution prendra le pas sur les anciennes (surtout en ce qui concerne le très étendu Titre III qui constitutionnalise une politique économique néolibérale et à l'exception, tiens! du Titre II, la Charte des Droits fondamentaux), sans que les règles constitutionnelles nationales de modification de la Constitution ne soient respectées. C'est en ce sens que l'adoption de ce traité consacrerait, en plus, une régression démocratique.

J. Palma
17/05/2005

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